J’ai commencé, après des années de recherches en photographie, par dessiner des arbres d’après-nature, pour arriver à ne me concentrer que sur leur frondaison dont la dynamique du foisonnement m’a passionné. J’ai réalisé la proximité formelle entre ces feuillages et les nuages, particulièrement les cumulonimbus qui flottaient au dessus, ce fut une surprise d’apprendre que les arbres peuvent influencer la formation des nuages en relâchant des hydrocarbures gazeux dans l’air. Cette expérience fut le début d’un questionnement sur l’interdépendance des éléments dans la nature, les analogies dans leurs apparences et leurs fonctionnements.
Je questionne aussi la matière par laquelle il est possible de créer une image statique qui traduit ce dynamisme, le dessin lui même, sa forme et la texture qui transmettront l’expérience, le ressenti haptique de l’image. Un ressenti où vient dialoguer la perception avec ces masses et ces rythmes. Je dessine en noir et blanc avec les moyens rudimentaires que sont le graphite et le papier. Lentement, je m’applique à inscrire des masses nébuleuses en cherchant à animer la surface plane du papier et à en activer les espaces, par des rythmes et des mouvements, sans avoir recours au mimétisme photographique.
Au long de cet exercice, lent et minutieux, se retrouvent des flux aériens, des courants marins, des clairs et obscurs dans les turbulences et les interférences qui les caractérisent. À travers ces remous, se dessinent des questions sur les cycles terrestres et cosmiques, sur l’harmonie du chaos, sur les dynamiques invisibles qui façonnent nos écosystèmes et plus largement l’univers.
C’est le commun de ces mouvements qui nous entourent que je cherche à mettre en lumière en établissant un lien par les rythmes chaotiques (au sens scientifique) qui les caractérisent. Des fluctuations telles que celles qui animent une rivière, une masse géologique où un nuage gazeux au fin fond de l’espace.
Le dessin est pour moi la pratique d’une recherche évolutive, d’un questionnement des phénomènes où s’opère un changement perpétuel.
Je réfléchis continuellement à une manière d’élargir ma pratique et mon acception du dessin, en l’ouvrant à la photographie, à la narration ouverte par la composition de polyptyques ou la création d’installations.
Statement
I work exclusively on paper, mainly drawing with graphite in large and small sizes. I also experiment the possibilities of paper as a mean of sculpture and installation.
My practice of drawing questions the very stuff that makes an image. By using the simplest means possible, paper and graphite, I attempt to create an image that suggests the possibilities of the image itself. Hence creating a hazy drawing that is open to many interpretations.
These images are questions to the processes of change and mutation. My drawings are inspired by the dynamics of fluids and gases and the process of evaporation. I draw abstract images that focus on the currents and rhythms of water and air, based on the flows of rivers, the currents of ocean or the movements of clouds.
Beyond these motifs and through the subtle way the matter of a drawing lays, it is the frailty of what contributes to the possibility of life that I aim to portray. The fragility and impermanence of the living, but also the chaotic aspect of it.
I aim the find harmony in apparent disorder.
The artworks are generally exhibited without frame so as to propose a full experience of the textures and fibre of paper as well as the reflexions of light and subtlety of tones of graphite.

